13 juillet 1788 : un terrible orage secoue la France du Sud au Nord, semant la désolation dans un pays déjà éprouvé par la sécheresse, la famine et les incuries de la Cour. Au fond d un val perdu, le tyrannique vicomte Baptiste de Ruspin, châtelain de la Follye, tue l un de ses paysans. Son fils Népomucène, jeune homme nourri de la lecture des Philosophes, saisit aussitôt ce prétexte pour l arrêter et mettre en place la société démocratique à laquelle il aspire. Entouré de quelques amis sûrs, il proclame, le 14 juillet 1788, la République d Avau. Mais il est difficile de donner aux hommes ce qu ils ne peuvent ou ne veulent recevoir. Il ne suffit pas de proclamer « Liberté, égalité, frugalité » pour changer en citoyens de braves paysans dressés à l obéissance aveugle. Sans compter les rivalités intestines, les trahisons ; sans compter les maris déshonorés, les femmes bafouées, les enfants enlevés - l ordinaire d une société qui vit en cercle fermé, avilissant chaque jour un peu plus des esprits pourtant gagnés à l idéal républicain. Durant cinq ans, sous l il méprisant de son père emprisonné, Népomucène se bat contre tous, jusqu à ce que la France républicaine redécouvre cette Follye isolée dans sa vallée, et la reprenne sous son aile froide et sanglante... Que reste-t-il de la révolte quand l Histoire la fait Révolution ? Que reste-t-il des hommes éclairés quand leurs ambitions et leurs intérêts s affrontent ? Que reste-t-il des femmes, soucieuses de préserver l essentiel, quand « les beaux rêves font les vies tristes » ? Cette utopie, qui manifeste avant l heure les espoirs et les errements de la Révolution de 1789, est aussi une histoire de haine entre un père et son fils, entre un aristocrate de l Ancien Régime, adepte de Machiavel, et un jeune homme visionnaire autant qu artisan du drame qui ensanglantera le pays d Avau.