Ils sont une quinzaine avec César et Hector, entassés dans un camion-citerne hermétiquement clos. Ils quittent leur pueblo d'Oaxaca pour le rêve américain, ayant confié aux « coyotes » leur vie et leurs pesos pour un voyage de trois heures. En panne, sans vivres et sans eau, ils attendent depuis trente heures sous un soleil de plomb, sans possibilité de sortir, avec pour seul espoir un hypothétique mécanicien et la faible batterie d'un téléphone portable. Jamais récit de migrants n'a été rendu de cette façon : un huis clos étouffant où, durant quatre jours, l'homme est confronté aux autres et à lui-même avec pour compagnons la peur et le doute, la puanteur, la chaleur et la soif. Après la taïga dans Le Tigre (NB décembre 2011), le journaliste américain aborde les mythes fondateurs de la civilisation zapotèque, les richesses archéologiques et le rôle fondamental de la culture du maïs. Il oppose la sagesse rurale millénaire aux enjeux économiques modernes, traduit le racisme anti-indiens et la dévotion à la Vierge, mêlée de superstition, des campesinos. Tous les personnages ont une épaisseur, le récit est intense, l'écriture maîtrisée. Une histoire de pauvres mais une histoire riche, qui donne la mesure du talent de son auteur. (Maje et M.S.-A.) (source : les-notes.fr)